HISTOIRE DE LA RAYURE
La rayure marine est l’essence de Le Minor. Mais cet imprimé, symbole de l’élégance à la française est le fruit d’une histoire aussi passionnante que mouvementée !
Comprise comme l’exclusion des mélanges de matières ou de couleurs, cette citation du Lévitique, dans la Bible est vue comme l’explication du désamour de la rayure dans l’histoire de l’Occident antique puis médiéval.
Jusqu’à la Renaissance, les rayures sont horizontales. Elles habillent ceux qui se trouvent en marge de l’ordre établi : jongleurs, musiciens, lépreux, bohémiens, bouffons, bourreaux, prostituées, condamnés, hérétiques, juifs, musulmans.
La rayure instaure une distanciation sociale et sépare les honnêtes citoyens des personnes jugées moins recommandables.
Dans une société extrêmement codifiée où chacun doit se vêtir selon son sexe, son statut et son rang, il n’est pas étonnant que la rayure qui se distingue mieux que les unis, soit réservée à ceux que l’on veut frapper d’ostracisme !
Cette ségrégation vestimentaire continue jusqu’au XXe siècle comme le montre les costumes rayés des mafieux mais aussi les pyjamas rayés des prisonniers ou des déportés des camps de la mort.
Cette rayure domestique trouve son apogée dans l’Ancien Régime. Elle habille le petit peuple et devient en France, l’emblème d’un Tiers-État misérable et opprimé. C’est ainsi que dans l'iconographie révolutionnaire, les Sans-Culottes qui bouleversent l’ordre établi sont vêtus de rayures tricolores ! Les rayures, symboles de transgression, sont plus faciles à reproduire que les anciennes armoiries à motifs végétaux ou animaux stylisés. La Révolution donne ainsi ses lettres de noblesse à la rayure en en faisant un symbole de liberté !
Cette démocratisation est permise par les avancées techniques dans le monde du textile et la mécanisation de la fabrication des tissus qui facilitent la fabrication d’étoffes rayées (métier à tisser Jacquard, machines à tricoter le fil de coton en jersey que nous utilisons toujours chez Le Minor).
Le développement des stations balnéaires au XIXe siècle achève de normer la rayure. La société européenne qui découvre les bains de mers emprunte la rayure maritime et la transpose du grand large au littoral. Les tissus rayés se retrouvent des costumes de bain aux toiles de tente en passant par les robes des élégantes, gagnant ainsi leur statut d’imprimé élégant.
Nos vêtements rayés ne font pas exception et proviennent de l’univers militaire et marin.
Dès le XVIIe siècle, des tableaux hollandais et anglais représentent des marins habillés de rayures, bleues et blanches ou rouges et blanches. En France, jusqu'au Second Empire (1852-1870), la réglementation pour les uniformes militaires ne concerne que les officiers. Mais dès 1858, un décret impose le tricot rayé bleu et blanc dans l'uniforme officiel des matelots. Notons que ce tricot rayé sert à distinguer les hommes qui constituent le bas de la hiérarchie à bord. On dit qu’un homme tombé à la mer, se repère plus facilement dans une tenue rayée. Il est également intéressant de souligner que l’indigo utilisé dans les rayures étant une matière onéreuse, l’utilisation des rayures permettait de l’économiser.
Quoiqu’il en soit, la marinière devient l’emblème du marin, cet homme aux marges de la société, associé au danger, à un univers aventurier ou interlope.
La marinière, tricotée en jersey sert alors de tricot de corps et se doit de permettre l’aisance des mouvements que requiert la vie à bord. C’est pour son aspect confortable et pratique que Coco Chanel décide de l’arborer, lors de ses vacances à Deauville en 1916.
Dans l’univers de la rayure marine chic des stations balnéaires, ce coup d’éclat donne à la marinière ses lettres de noblesse !
C’est parce qu’elle n’était pas destinée à la mode qu’elle est devenue intemporelle.
Saison après saison, nous la réinterprétons en alliant classicisme et détails modernes !
Bibliographie
Michel Pastoureau, L'étoffe du diable
Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs
LA RAYURE INFAMANTE
“Tu ne porteras pas sur toi de vêtements fait de deux”Comprise comme l’exclusion des mélanges de matières ou de couleurs, cette citation du Lévitique, dans la Bible est vue comme l’explication du désamour de la rayure dans l’histoire de l’Occident antique puis médiéval.
Jusqu’à la Renaissance, les rayures sont horizontales. Elles habillent ceux qui se trouvent en marge de l’ordre établi : jongleurs, musiciens, lépreux, bohémiens, bouffons, bourreaux, prostituées, condamnés, hérétiques, juifs, musulmans.
La rayure instaure une distanciation sociale et sépare les honnêtes citoyens des personnes jugées moins recommandables.
Dans une société extrêmement codifiée où chacun doit se vêtir selon son sexe, son statut et son rang, il n’est pas étonnant que la rayure qui se distingue mieux que les unis, soit réservée à ceux que l’on veut frapper d’ostracisme !
Cette ségrégation vestimentaire continue jusqu’au XXe siècle comme le montre les costumes rayés des mafieux mais aussi les pyjamas rayés des prisonniers ou des déportés des camps de la mort.
LA RAYURE DOMESTIQUE
A la Renaissance, la rayure perd son aura diabolique et devient verticale. Toujours associée aux marginaux, elle marque surtout la condition servile. La tradition féodale de faire porter aux domestiques les vêtements aux couleurs de leur maître favorise ce développement. Et la livrée, le costume des domestiques apparaît de plus en plus rayée. Cette habitude se poursuit jusqu’à l’après-guerre avec les gilets aux rayures verticales des maîtres d’hôtel et sert de marqueur identifiant dans le cinéma ou la BD. Le plus célèbre exemple est Nestor, le majordome du Capitaine Haddock !Cette rayure domestique trouve son apogée dans l’Ancien Régime. Elle habille le petit peuple et devient en France, l’emblème d’un Tiers-État misérable et opprimé. C’est ainsi que dans l'iconographie révolutionnaire, les Sans-Culottes qui bouleversent l’ordre établi sont vêtus de rayures tricolores ! Les rayures, symboles de transgression, sont plus faciles à reproduire que les anciennes armoiries à motifs végétaux ou animaux stylisés. La Révolution donne ainsi ses lettres de noblesse à la rayure en en faisant un symbole de liberté !
LA RAYURE DÉMOCRATIQUE
Adoubée par la Révolution Française, la rayure devient plus populaire. Elle gagne sa dimension ornementale après la campagne d’Egypte de Bonaparte. La légende raconte que les 21 rayures réglementaires de la marinière représenteraient les 21 victoires de l'empereur. La rayure orientale devient à la mode et orne les vêtements mais également les intérieurs.Cette démocratisation est permise par les avancées techniques dans le monde du textile et la mécanisation de la fabrication des tissus qui facilitent la fabrication d’étoffes rayées (métier à tisser Jacquard, machines à tricoter le fil de coton en jersey que nous utilisons toujours chez Le Minor).
Le développement des stations balnéaires au XIXe siècle achève de normer la rayure. La société européenne qui découvre les bains de mers emprunte la rayure maritime et la transpose du grand large au littoral. Les tissus rayés se retrouvent des costumes de bain aux toiles de tente en passant par les robes des élégantes, gagnant ainsi leur statut d’imprimé élégant.
LA RAYURE, DES MARINS À LA MODE
Les vêtements d’origine militaire sont nombreux à être devenus des basiques de nos garde-robes (trench, chino, marinière…) Ces vêtements forgent le style workwear, l’art du vêtement pratique, résistant et intemporel que nous aimons tant.Nos vêtements rayés ne font pas exception et proviennent de l’univers militaire et marin.
Dès le XVIIe siècle, des tableaux hollandais et anglais représentent des marins habillés de rayures, bleues et blanches ou rouges et blanches. En France, jusqu'au Second Empire (1852-1870), la réglementation pour les uniformes militaires ne concerne que les officiers. Mais dès 1858, un décret impose le tricot rayé bleu et blanc dans l'uniforme officiel des matelots. Notons que ce tricot rayé sert à distinguer les hommes qui constituent le bas de la hiérarchie à bord. On dit qu’un homme tombé à la mer, se repère plus facilement dans une tenue rayée. Il est également intéressant de souligner que l’indigo utilisé dans les rayures étant une matière onéreuse, l’utilisation des rayures permettait de l’économiser.
Quoiqu’il en soit, la marinière devient l’emblème du marin, cet homme aux marges de la société, associé au danger, à un univers aventurier ou interlope.
La marinière, tricotée en jersey sert alors de tricot de corps et se doit de permettre l’aisance des mouvements que requiert la vie à bord. C’est pour son aspect confortable et pratique que Coco Chanel décide de l’arborer, lors de ses vacances à Deauville en 1916.
Dans l’univers de la rayure marine chic des stations balnéaires, ce coup d’éclat donne à la marinière ses lettres de noblesse !
C’est parce qu’elle n’était pas destinée à la mode qu’elle est devenue intemporelle.
Saison après saison, nous la réinterprétons en alliant classicisme et détails modernes !
Bibliographie
Michel Pastoureau, L'étoffe du diable
Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs
Histoire de la rayure